Libre- Journée pluvieuse

Les gouttes tombaient lourdement sur le sol, laissant des traces sur les pavés. Alicia soupira. Une fois. Elle l'avait encore fait. Elle était encore sortie sans permission. Pourtant, elle avait juré qu'elle ne quitterait pas sa cage dorée. Bon, après tout, elle s'était retenue ! Ca faisait près d'un an qu'elle était restée enfermée chez elle ! Il y avait de quoi devenir folle ! Alicia remonta le col de son manteau noir, manteau qui couvrait une robe de sa confection. Le fond de l'air était frais, mais Alicia voulait quand même rester dehors. D'ailleurs, elle aurait aussi voulu s'enfuir, et ne plus jamais revenir. Mais elle savait parfaitement que c'était impossible. Elle était fille unique, et si elle disparaissait, ses parents seraient affligés. Elle était fille unique, et c'était bien pour ça qu'ils lui cherchaient avec ferveur un prétendant. Ce qu'ils voulaient, c'était un héritier. Passer ses journées à écouter des mots bourrés d'hypocrisie exaspérait Alicia. Finalement, elle aurait voulu vivre dans la rue. Au moins, ça aurait été beaucoup plus simple ! Alicia s'assit sur le bord d'une ruelle vide. Vraiment, sa vie était pourrie. Elle n'avait rencontré personne, et rêvait d'avoir des amis. Des vrais. Pas ceux qui vous lancent des faux sourires et qui parlent derrière votre dos. Alicia ferma les yeux. Et petit à petit, elle commença à s'endormir. S'endormir dans une ruelle mal famée alors qu'il pleut ? La demoiselle était elle vraiment saine d'esprit ? Oui, elle l'était, mais elle ne pouvait lutter contre les rouages du sommeil. Elle s'endormit, adossée contre le mur d'une maison de pierre.




Elle rêvait. Elle flottait. Quelque chose lui faisait mal. Au ventre. Elle se retourna et vit le sourire de ses parents. Oh non, ce n'était pas un sourire normal. C'était un sourire carnassier, et ... malsain. Ses parents avancèrent vers elle. Complétement démantibulés, avec toujours ce sourire sur leurs lèvres. Son ventre lui faisait atrocement mal, et Alicia commença à pleurer. Un autre sanglot s'ajouta à ses pleurs. Ils venaient de la chose. La chose qui venait de son ventre. Ce .... bébé. Alicia hurla. Ses parents l'agrippèrent, lui lacérant le visage. Toute sa peau partait en lambeaux. Elle se débattait, elle se défendait ! Mais elle n'arrivait pas à se réveiller. Quoi qu'elle fasse elle était prisonnière de son rêve. Si seulement quelqu'un aurait pu la tirer de ce cauchemar !

Juuri avait décidé de sortir de sa demeure, c'était un ennuis mortel a l'intérieur. Cela lui rappelait son enfance assez...tragique on va dire. Elle avançait vers les ruelles, sous son parapluie élégant car il pleuvait. Juuri n'aimait pas trop la pluie, sa déprime. Enfin au loin, dans une petite ruelle adossée a un mur, une jeune demoiselle endormie. Elle s'approcha et pencha la tête au dessus du corps de la fille endormie. Elle rêvait, car elle avait l'air agitée et ne se réveillait pas. Juuri lui donna des petites tapes sur sa joue gauche en murmurant :

" Ouh Ouh ... ? "

Elle continuait ses petites tapes puis elle abrita la demoiselle sous son parapluie, la longue robe de Juuri commençait à prendre l'eau. Elle se demandait pourquoi une jeune fille s'était endormie ici ? Dans une ruelle vide, enfin Juuri abandonna l'idée de faire ses courses. Elle la souleva et la pris dans ses bras, sa demeure n'était pas loin et Juuri décida de l'amener chez elle.
Quelques minutes plus tard Juuri et la fille était arrivée chez elle. Juuri ouvrit doucement sa porte et entra en posant son parapluie sur le coté. Elle allongea la jeune fille sur un canapé en attendant qu'elle se réveille. Pendant ce temps là Juuri fila a la cuisine pour lui préparer un petit chocolat chaud. Elle revint avec deux tasses de chocolat chaud avec des petits biscuits. Elle posa le tout sur la petite table au milieu devant le canapé où était allongé la jeune femme et un petit fauteuil. Elle s'assit alors sur celui-ci et croisa ses jambes, histoire de patienter pour son réveil. Juuri se laissa glisser sur le fauteuil en soupirant quelques mots :

" Je ne comprends pas pourquoi elle était là ..."

Le rêve continuait, l'horreur se propageait. Et puis soudain, plus rien. Le sentiment de flotter, d'être bercée par quelque chose. Un douce chaleur. Un odeur alléchante. Petit à petit, Alicia ouvrit les yeux. L'odeur du chocolat chaud réveilla son ventre affamé. Alicia eut un léger sursaut en réalisant qu'elle n'était plus dans la rue. Elle était installée sur un canapé moelleux, et quelqu'un semblait être à ses côtés. Alicia se releva rapidement, et observa la pièce. L'atmosphère chaleureuse qui s'en dégageait était agréable. Son regard s'arrêta sur la table, puis sur le chocolat, puis sur les gâteaux, et enfin, sur la jeune fille. Alicia la dévisagea en silence. Elle était jolie, très jolie. Comme une poupée qu'on venait de sortir de sa boîte. Elle avait l'air calme et docile. Pourtant, une certaine prestance semblait affluer de son oeil gauche. D'ailleurs, quelle était cette rose épineuse sur son oeil ? Fort étrange ... C'était une noble comme Alicia, apparemment, mais un immense fossé semblait les séparer. Elle avait l'air de rayonner, alors qu'Alicia ternissait la pièce. Alicia soupira, avant de parler de sa voix forte et énergique ...

- Où suis-je ? Qui es-tu ? Ah, et merci de m'avoir amenée ici !

Trop de questions traversaient son esprit, et Alicia n'arriva pas à faire le tri. D 'ailleurs, les questions qu'elle venait de poser à la demoiselle étaient en désordre. Elle devait se calmer, c'était la première chose à faire. Après une grande inspiration, elle attendit que la jeune fille lui répondit.